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vendredi 29 octobre 2010

Extrait du "journal de la Vallée "

Voici un excellent résumé, de la période 1939-1945, édité par le Journal de la Vallée :


Feuille d’avis de la Vallée de Joux du 4 septembre 2008
A propos du livre "Les récits du dernier témoin", par Maurice Meylan

A une année de ses nonante ans, Jean-François Meylan, de Chez Patrie, s'il n'est peut-être pas le tout dernier témoin, n'en est pas moins l'un des rares survivants. Car ils sont presque tous partis ces aventuriers courageux, suisses au français, un rien téméraires qui, tout au long de ces interminables mois de la dernière guerre, n'hésitaient pas à franchir la frontière dans un sens ou dans l'autre, et dans la plus grande discrétion. Leurs motivations : faire fonctionner un service de renseignements, assurer le passage de personnes pourchassées par l'occupant allemand, entretenir une correspondance entre les familles sans nouvelles de leurs proches ou encore accompagner des agents chargés de mystérieuses missions. Quant à ces expéditions nocturnes sous les sombres futaies du Risoud, dans un silence hostile, on peut bien imaginer que les acteurs de ce dramatique jeu du chat et de la souris n'en ont pas perdu le souvenir.

Jean-François Meylan était-il poussé par la curiosité lorsqu'il a passé pour la première fois le mur aux fleurs de lys le 5 septembre 1941 ? Est-ce un effet du hasard s'il s'est retrouvé devant la parte de la maison foraine, située non loin de Chapelle-des-Bois, habitée par Victoria Cordier, sa mère et ses deux sœurs ? Peu importe d'ailleurs. Toujours est-il que cette première rencontre a été le point de départ d'une filière d'évasion active entre Sous-le-Risoux et Le Campe en passant par l'Hôtel d'Italie. Si Fred Reymond a souvent amené du monde jusqu'à sa maison hospitalière située au-dessus de l'hôpital, Jean-¬François et sa sœur Georgette ont fait de même en empruntant à peu de chose près le même itinéraire.

La paix revenue. Jean-François Meylan a eu l'excellente idée de confier à l'écriture ce que sa mémoire avait recueilli. En sa qualité d'universitaire possédant la maîtrise du langage, c'était un jeu d'enfant pour lui de s'installer devant sa machine à écrire et de faire revivre ce qu'il avait vécu et observé en des circonstances presque toujours insolites. Et finalement la matière était telle qu'il a été possible d'en tirer un livre original dont le titre : « Les récits du dernier témoin » plonge aussitôt le lecteur au cœur de l'action.

C'est le grand mérite des Éditions du Rendez-vous et des époux Claude Karlen, leurs chevilles ouvrières, d'avoir pris l'initiative de mettre « Les récits du dernier témoin » à la disposition du public. La parution de l'ouvrage est imminente. II comptera deux cent soixante-six pages complétées de trente photos inédites et aura une place toute trouvée à côté de « Fred », de Daniel Capt, de « Ce que je n'oublierai jamais », de Victoria Cordier et de « La Filière », d'Anne-Marie Im Hof-Piguet. Un chapitre particulièrement obscur de l'histoire locale, grâce à ces quatre auteurs, est ainsi préservé.

dimanche 23 mai 2010

Anne-Marie Im-Hof Piguet



La célèbre combière de la Vallée de Joux; Anne-Marie Im-Hof Piguet; sera présente le mercredi 26 mai prochain, à la cinémathèque de Montbenon, dans le cadre d'une séries d'entretien filmés, ou elle raconte "sa filière" de 1942. Âgée de 93 ans, elle reste en forme, même si elle ne se déplace qu'en chaise roulante.

Voici l'article du journal "24 Heures" du samedi 22 mai.

Pour agrandir l'article, cliquez sur la photo.

dimanche 26 avril 2009

Anne-Marie Im-Hof Piguet


Anne-Marie, auteur du livre " la Filière ", est née en 1916 au Sentier, Vallée de Joux. Le 12 avril, cette fille combière verra le jour, 4 ans après le naufrage du Titanic. Elle suit des études à la Vallée, puis réussit sa licence en lettres à Lausanne. 1940, elle part à Vienne pour un semestre. La guerre éclatant, elle s'engage dans la Croix-Rouge Suisse aide aux enfants. Elle découvre l'horreur de la guerre, et décide d'aider les enfants Juifs, enfermés dans le sud de la France, attendant leur déportation vers l'Allemagne. Ses nombreux allers-retours entre la France et la Vallée, l'incite donc a créer une filière, remontant du sud, et passant par la " Zone réservée, puis interdite. Cette zone, se situe le long des frontières suisses. Juste au-dessus, la Ligne Maginot, séparant la France occupée de la France libre. Elle élabore des plans, achètes des billets de trains, et fournit de fausses cartes d'identités aux petits déportés. Lorsqu' Anne-Marie découvre en 42 le lieu ou se trouve les enfants, elle déclare :

" J'arrive à Montluel en juin 42, persuadée que je vais secourir de pauvres petits Français. Mais c'est l'étonnement, mêlé d'une pointe de déception, lorsque je vois ces enfants Espagnoles, ou Juifs, pauvres innocents, jetés à la poubelle de l'histoire, par la malice du temps "

Avant le passage officiel, elle teste ainsi le passage du Risoux lors de ses vacances, et rencontre Victoria Cordier et sa soeur Madeleine. Victoria ( voir Victoria Cordier dans les rubriques du blog ) est dans la Résistance, et sa soeur se procurait de fausses cartes d'identités. C'est ainsi que la filière vît le jour.

Le dernier passage s'effectua en mai 44, soit il y aura 65 ans le mois prochain ! Ce dernier passage s'avérera le plus difficile. En effet, c'est dans la forêt du Risoux, qu'une petite équipe de déportés tombera sur le gendarme Adrien Goy. La présence ce jour-ci de Madeleine leur sera déterminante. D'un ton ferme, elle refuse d'être emmenée en Suisse, et de laisser le groupe refoulé en France. Le gendarme, change ainsi d'avis, et décide de les accepter. Ce dernier passage fût le seul a être quelque problématique.

Date des événements : 17 18 et 19 mai 1944
Photo : épluchure des patates, moments de détente, au Chateau de la Hille

mardi 9 septembre 2008

Comment passer le mur du Risoux ?

Cette question, Anne-Marie a cherché longtemps le moyen d'y répondre. Comment atteindre la "zone interdite" depuis le sud de la France, avec des enfants sans papiers, qui plus est Juifs, sans se faire remarquer ? La situation des "grands" au Château de la Hille, proche de Toulouse, n'évolue guère. Même si des périodes calmes succédaient à d'autres plus animées, il ne fallait pas pour autant oublier que la France était en guerre, et que l'avenir des enfants restait très sombre, face à l'occupation.

Quelque temps avant la mise en service de la " filière ", un drame s'était joué au château. Un groupe d'enfants décide de rejoindre l'Espagne, estimant ainsi être en lieu sûr ( alors que dans ce même temps, de nombreux Juifs Espagnoles étaient refoulés à la frontière Française, afin d'être utilisés comme monnaie d'échange dans le régime de Vichy. La France, en "donnant des Juifs" aux Allemands, se voyait partiellement protégée... ). Sur les 4 enfants, seul l'un d'entre-eux revint en France après la guerre. Le petit groupe avait malheureusement fait confiance à de faux passeurs peu scrupuleux !

Dès lors, la filière doit être inaugurée au plus vite ! Anne-Marie, teste le parcours reliant Toulouse au Brassus, sans encombres.

Anne-Marie écrit : "
Nos pas résonnent, avec désinvolture nous traversons la rue principale ( Chapelle des Bois ). La sentinelle allemande postée sur la place, fusil à l'épaule, nous regarde de ses gros yeux bleus, ne demande rien, ne fait pas un geste, tourne lentement la tête pour suivre longuement nos silhouettes sur la route blanche. Nous sortons à l'ouest du village. Le moment crucial approche. La route forme la limite en la zone interdite, ou personne n'a le droit de mettre le pied. S'il le fait, il devient le gibier sur lequel on tire. Un fil barbelé marque la transition "


Ce n'est que plutard dans la journée, suivant le soleil comme guide pour grimper au sommet du Gy, que Anne-MArie ne connaît pas encore, qu'elle rejoindra la borne 176, lui indiquant enfin la terre d'asile future : la Suisse. Dès ce jour, Anne-Marie va se rapprochez du petit groupe d'intrépide que vous connaissez déjà : Georgette, Fred, Jean-François....

Le plan d'élaboration des passages des " Grands " de la Hille est en cours. 3 semaines exaltantes, et voilà qu'elle refrancît le mur. Les voyages vont pouvoir débuter...non sans risques !